Madame Einstein
L'histoire de Mileva Marić Einstein est celle d'un éclat trop longtemps resté dans l'ombre. Bien plus que la première épouse d'Albert Einstein, elle était une mathématicienne et physicienne brillante, dont l'empreinte sur les travaux du célèbre savant semble indéniable, bien que jamais reconnue. À l'Institut polytechnique de Zurich, où ils se sont rencontrés, elle dut lutter pour obtenir le droit d'étudier, là où Einstein n'eut qu'à franchir la porte. Pourtant, ses résultats surpassaient les siens : en physique appliquée, elle obtint la note maximale de 5, tandis qu'Einstein ne récolta qu'un maigre 1. En décembre 1900, ils soumirent ensemble un premier article sur la capillarité. Mais seul le nom d'Einstein fut apposé sur la publication – car à cette époque, une femme dans le monde scientifique n'existait qu'à travers le travail d'un homme. Les pages de ses notes de cours portent l'empreinte de l'écriture de Mileva. Et un soir, au détour d'une conversation mondaine, Albert laissa échapper cette confession : « J'ai besoin de ma femme, elle m'aide à résoudre tous mes problèmes mathématiques. » Durant ces années où ils étaient unis, 80 % des travaux qui firent la renommée d'Einstein virent le jour. Ces années de génie, que l'on surnomme aujourd'hui ses « années magiques », coïncidèrent étrangement avec leur mariage. Puis elles prirent fin, aussi brutalement que leur union, brisées par l'infidélité et l'abandon. Mileva Marić, pourtant, demeura dans l'ombre. Reléguée au silence, effacée des mémoires officielles, elle fut ce génie discret dont l'histoire n'a retenu que les battements lointains. Le monde littéraire
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