Pari impossible

LE FIASCO DE L'ÉGYPTOLOGIE FACE À LA CONSTRUCTION D'UNE PYRAMIDE DANS LES CONDITIONS D'ÉPOQUE

En 1997, l'égyptologue Mark Lehner s'associe à une équipe d'ingénieurs et d'artisans pour tenter un défi ambitieux : construire une petite pyramide de six mètres de haut, en utilisant exclusivement les outils et techniques supposés disponibles à l'époque de Khéops. Ce projet, filmé dans le cadre d'un documentaire pour la chaîne américaine PBS (NOVA – This Old Pyramid), devait démontrer que les anciens Égyptiens avaient pu ériger la Grande Pyramide avec des moyens simples : des outils en cuivre, des traîneaux en bois, des cordes, des rampes rudimentaires et beaucoup de main-d'œuvre humaine.

Rapidement, les difficultés s'accumulent. La taille des blocs de calcaire tendre avec des ciseaux en cuivre s'avère extraordinairement lente et inefficace. Les outils s'émoussent, se brisent ou doivent être remplacés fréquemment. Pour gagner du temps, les artisans finissent par utiliser des scies modernes, trahissant l'esprit même de l'expérience.

Le transport des blocs pose aussi problème : sur un sol sec, les traîneaux s'enfoncent dans le sable. Il faut humidifier le sol — comme le suggère une scène sur un bas-relief découvert à Djehoutyhotep — pour espérer les faire glisser. Mais même ainsi, l'effort demandé est énorme, et les ouvriers peinent à avancer. Le levage des blocs, quant à lui, se heurte à des limites physiques et techniques évidentes. Les rampes improvisées manquent de stabilité, et les ajustements deviennent trop dangereux à mesure que l'édifice prend de la hauteur. Finalement, des engins modernes sont utilisés pour positionner les derniers blocs.

Le résultat ? Une pyramide approximative de six mètres de haut, construite en plusieurs semaines, avec un rendement très faible, et des blocs mal ajustés. Rien à voir avec les 2,3 millions de blocs parfaitement taillés et assemblés de la Grande Pyramide. À la fin de l'expérience, même Mark Lehner reconnaît que l'exercice, loin de valider les hypothèses classiques, démontre surtout l'extraordinaire complexité du chantier de Gizeh… et la difficulté à le reproduire avec les seuls outils de l'époque.

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