Beuurk !
RETAILLEAU et LA FABRIQUE DES BARBARES
Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur, s'est rendu à Evian-les-Bains après qu'un automobiliste faisant des rodéos ait, de façon intentionnelle, percuté un pompier volontaire. Il déclare sur place : « Cette société laxiste a engendré une fabrique de barbares » ! Le coupable, récidiviste, se prénomme Charly B., au grand dam de la droite extrême et ultra qui aurait préféré que ce soit Kamel et qui tient à préciser que le coupable est « un garçon d'une famille bien sous tout rapport, mais qui est devenu dealer comme il y en a partout » (c'est ce que dit "Le Parisien" et que reprend Français de souche).
Retailleau inaugurait vendredi des casernes en Bretagne, il en a profité pour embarquer dans sa voiture un journaliste de l'hebdo d'extrême droite "Le Journal du dimanche" (JDD). Il glorifie la Bretagne et la Vendée, citant Clémenceau selon lequel leurs habitants sont « le plus pur sang des Gaules », pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas capitulé devant César ! Authentique. Voilà où plane la pensée du ministre, qui déverse la soupe qu'attend de lui le canard de Bolloré. Il s'exprime longuement sur son vœu d'un référendum sur l'immigration, sur notre modèle social bien plus généreux que celui de nos voisins (sous-entendu c'est pour quoi les migrants veulent venir en France), il se vante d'avoir déjà beaucoup expulsé et d'avoir fait baisser les naturalisations, qualifie de « racailles » les responsables des heurts à Paris après la qualification du PSG. Il se plaint d'une « société profondément violente », il parle d'« ensauvagement », de « décivilisation ». Après le diagnostic, il a le remède : nous devons assumer une « rupture », tout en se contredisant, puisqu'il reproche à la classe politique de parler aux seules minorités, « ce qui est marginal devient la norme » et « on célèbre les ruptures au lieu de valoriser les continuités ». Il n'est pas nécessaire d'être un grand clerc pour savoir qu'il fait lui-même partie de cette classe politique et qu'il protège les prébendes des seuls privilégiés qu'il défend.
Il larmoie sur les dépenses publiques, surtout sociales évidemment, appelant à ne pas remplacer tous les fonctionnaires, à réformer l'AME, à imposer un délai de carence pour les aides sociales pour les étrangers (ce qui est presque toujours le cas mais on n'a pas dû l'en informer) et glisse ce mantra de l'extrême droite, cher à Le Pen et Bardella, selon lequel il y aurait plus de cartes Vitale que de Français (une bêtise crasse, indigne d'un ministre). Pour justifier d'être à la fois bientôt ministre et chef de parti, il se compare à Méloni ! Méloni issue d'un parti néo-fasciste qui a supprimé le revenu minimum sans que les belles âmes en Europe s'en indignent.
Où je veux en venir ? : la société laxiste qui engendre des barbares c'est SA société, une société qui certes à un modèle social plutôt avancé mais qui n'est dû à la caste que Retailleau représente (car elle ne cesse de tenter de s'attaquer à la protection sociale) mais essentiellement à des luttes sociales (et aussi à quelques bourgeois éclairés qui ont su voir que même leur intérêt n'était pas de cultiver la misère). S'il y a de la violence, si les situations sociales des familles sont de plus en plus problématiques (y compris avec de la maltraitance) ce n'est pas pour les raisons que déroule Retailleau, lui qui tolère un défilé de fachos à Paris et arrête les anfifas, mais parce que le microcosme politique et économique qui dirige la France ne cesse de servir ses propres intérêts, en manipulant le débat public, sans jamais être capable d'emporter les Français sur un projet qui serait crédible, solidaire, égalitaire. Il crie au loup mais le prédateur est dans son camp. YF
. Photo parue dans le "JDD" : le candidat à la présidence LR, ici à Rochefort y croit : « Les salles sont pleines, l'enthousiasme est là ». Sud-Ouest/MAXPPP / © Xavier Leoty
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