Incarcération de Sarkozy : les plateaux télé se muent en comité de soutien



C'est l'événement. Le journal télévisé de TF1 de ce 21 octobre 2025 n'a qu'un seul titre pour son édition de 13 heures : l'incarcération de Nicolas Sarkozy, qu'on voit d'abord main dans la main avec son épouse Carla Bruni. Le sujet est lancé, il durera environ deux minutes. On y apprend qu'avant de rejoindre la prison de la Santé, il a salué ses enfants une dernière fois, qu'il a été acclamé par la foule, et que pour son avocat, il s'agit plus que d'une injustice : c'est une honte. On entrevoit aussi les quelques photos personnelles que l'ancien président emportera avec lui dans sa cellule de 9 mètres carrés. Puis on passe à la tornade qui a frappé le Val-d'Oise la veille au soir.

Les mots ou expressions « Libye », « Kadhafi », « association de malfaiteurs », « financements de campagne électorale » n'ont pas été prononcés une seule fois. À la vue du sujet, impossible de savoir pour quelle raison ou pour quelle affaire l'ancien président a été condamné. Un téléspectateur peu au fait de l'actualité judiciaire peut juste imaginer que l'ancien président vit une grande injustice.

L'incarcération de l'ancien président de la République mardi 21 octobre a fourni une nouvelle occasion de le constater : les médias perdent tout repère professionnel quand l'actualité concerne de près ou de loin Nicolas Sarkozy. Présentes très tôt ce matin pour accompagner le dernier coup de com' du clan Sarkozy avant son incarcération, les télés et radio ont une nouvelle fois épousé à plein le narratif imposé par la défense de l'ancien président.




Dès les matinales des principales chaînes d'info et radios généralistes, la méfiance vis-à-vis de la justice s'est installée. Parfois de manière sinueuse, comme sur LCI où, à partir de 6 h 30, le plateau de chroniqueurs et d'éditorialistes s'est mis à converser sur un éventuel bain de foule à la sortie du domicile de Nicolas Sarkozy, ses futures conditions d'incarcération, sa future demande de libération conditionnelle, le « gouvernement des juges », avides de vengeance envers « celui qui les a traités de petits pois »dixit Christophe Barbier. Mais pas un mot sur le fond du dossier. Sur les faits qui ont conduit à sa condamnation.

Une impressionnante unanimité médiatique

Sur Europe 1, où l'incarcération de Nicolas Sarkozy a tout d'un jour de deuil national, la mise en cause de la justice est encore plus directe. Toute l'antenne, au moins le matin, a été mobilisée pour marteler les éléments de la défense de l'ancien président. Et qui de mieux que l'avocat de Nicolas Sarkozy pour s'y coller.

Dès 7 h 10, Christophe Ingrain, l'invité de la matinale, a donné le ton pour l'ensemble des médias Bolloré, qui se sont fait une spécialité de chasser en meute, avec pour proies, cette fois, « ces juges qui ont pris le pouvoir ». Nicolas Sarkozy « s'est préparé à son incarcération, alors qu'en fait et en droit, il est innocent », serine son conseil. « Je précise que ce n'est pas seulement l'avocat qui parle quand vous dites : "Il est innocent", car le tribunal n'est pas arrivé à établir la matérialité des faits, il faut marteler toujours cette vérité judiciaire », tient à préciser son intervieweur Dimitri Pavlenko. 

Face à ce niveau exceptionnel de déformation des faits, le doute s'installe et on est bien forcés de se replonger dans les plus de 300 pages du jugement, fruit d'une instruction qui aura duré dix ans. 


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